CE MOMENT OU

Chanson pour une femme                                             CE MOMENT OU

Était-ce ce printemps là, dans l' attente du soir,

de la nuit qui tombe, intime et rassurante,

et ourle de ses ombres la forêt, la maison,

les fenêtres qui se perdent dans la nuit étoilée ?

 Était-ce lors d' une soirée, quand les flammes ravivées 

montent dans l'âtre, découpent des silhouettes amis

et celle d'un inconnu, invité du hasard,

qui, au bout de la table, me fixe sans partage?

Est-ce une valse lente, ce sentiment fuyant

qui ne dure qu'un temps, une mesure pour voir,

pour partir en silence ou battre la mesure?

Je ne sais pas vraiment mais me souviens encore.

Personne ne remarquait ces paroles muettes

qui tissaient entre nous cet espace complice

cachées entre les phrases, les invités diserts.

J'ai encore en mémoire cet instant suspendu,

sans savoir qui des deux l'avait alors brisé ?

Nous parlions tous ensemble, un murmure continu,

hypnotique, mystérieux, qui cachait notre émoi.

Est-ce une valse lente, ce sentiment fuyant

qui ne dure qu'un temps, une mesure pour voir,

pour partir en silence ou être au diapason?

Nous nous sommes retrouvés, sans le vouloir vraiment

avec cette peur diffuse qui grandissait en nous

de nous perdre déjà d' une simple maladresse

alors que nos amis s'éloignaient sans nous voir .

Nous nous sommes retrouvés, empruntés et timides,

et nos premiers élans semblaient sortis d'un songe

où résonnait l'écho discret et familier     

d'une mélodie fuyante qui semblait être nôtre ?

Est-ce une valse lente, ce sentiment fuyant

qui ne dure qu'un temps, une mesure pour voir,

pour partir en silence ou être au diapason?

Était-ce hypnose naissante que ce fragile état,

ce tu insaisissable caché derrière le vous, 

cette tendresse naissante prolongeant nos mouvements,

cette très lente approche qui  émouvait si fort ?

L'attirance était là et nos yeux s'accrochaient 

sans oser se fixer, fuyaient, sans le vouloir,

 ce tremblement de cœur qui s'invitait chez-nous. 

Était-ce ce manque de l'autre qui brisait nos amarres ?

Est-ce une valse lente, ce sentiment fuyant

qui ne dure qu'un temps, une mesure pour voir,

pour partir en silence ou être au diapason?